Varisu : critique réac sans nerfs (2024)

Films

Par Clément Costa

16 janvier 2023

MAJ : 3 février 2023

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Événement majeur de ce début d’année pour le cinéma tamoul, Varisude Vamsi Paidipallymet en scène la superstarVijaypour un co*cktail d’action à l’ancienne, de comédie et de drame familial réactionnaire.

Varisu : critique réac sans nerfs (4)

LE FILM TROP HONNÊTE

Dans les nombreuses qualités que peuvent avoir les blockbusters, une des plus appréciables est certainement l’honnêteté. En effet, quoi de plus agréablequ’un film qui nous divertit sincèrement sans prétendre vouloir réinventer la roue? C’est un tel contrat que le réalisateur Vamsi Paidipally semblait nous proposer avec Varisu.

Récit de disputes familiales autour d’un héritage, son long-métrage semblait être un pur masala dans la tradition du blockbuster indien grand public. Autrement dit un co*cktail de genres qui offre à son spectateur du drame, de la romance, de la comédie et de l’action. Ajoutons à cela le quota obligatoire de séquences musicales, d’autant que Varisudisposait d’un album plutôt efficace composé par Thaman S. Globalement, si on veut apprécier la séance, il faut impérativement accepter qu’on assiste à un produit bien rodé plutôt qu’à un film découlant d’une vision d’auteur.

Le train de la (non) hype

Il y a cependant une limite à ce que même l’honnêteté la plus totale peut excuser. Et il ne faut que quelques séquences à Vamsi Paidipally pour nous montrer à quel point son histoire a un goût de réchauffé. De stéréotype en stéréotype, on fait face au fils déshérité qui a bon cœur, aux frères maléfiques attirés par l’argent, à la mère digne qui souffre en silence. Autant se le dire, le scénario a la fraicheur d’une pizza surgelée sauce salmonellose.

On appréciera certes le tempo comique plutôt bien géré, particulièrement en première moitié de film. Mais les péripéties manquent tellement d’originalité qu’on enchaîne les séquences avec une sensation tenace de déjà vu. Et lorsque Varisusort enfin d’un carcan narratif très attendu en deuxième partie de film, il s’enlise dans un pathos malvenu. D’autant que le rythme inégal n’aide pas. On pourrait sans problème l’amputer d’une bonne demi-heure sans que personne le remarque.

Le sens du cadrage du réalisateur

THE POPULIST

Longtemps réputé pour ses grandes épopées musicales et son cinéma d’auteur passionnant, le cinéma indien est devenu ces dernières années une véritable référence internationale du grand spectacle populaire. Qu’il s’agisse d’une production de Bollywood, Kollywood ou Tollywood, un grand blockbuster indien arrive avec la promesse d’être ambitieux, sincère, dévoué au plaisir de son spectateur. Le tout avec un culte des superstars comme Hollywood n’en crée plus en dehors des derniers dinosaures à la Tom Cruise.

Varisu n’est pas censé échapper à la règle, d’autant qu’il met en scène l’immense Vijay qui bénéficie d’une adulation infinie auprès du public tamoul. Cependant, le film nous montre sans le vouloir ce qui se passe lorsqu’un cinéaste utilise la carte du cinéma populaire comme une excuse pour livrer un produit tiède. Les codes du genre sont répétés sans conviction, à des années-lumière de ce que Vamsi Paidipally montrait avec son précédent film Maharshi.

Un charisme à toute épreuve

Tourné en pilote automatique, Varisu devient l’incarnation cinématographique du lundi matin. Personne n’a envie d’être là, tout se fait au ralenti et on est bien content quand ça s’arrête. Au cœur de ce marasme, une lueur d’espoir brille tout de même grâce à Vijay. À défaut d’avoir un bon scénario entre les mains, l’acteur donne tout ce qu’il a pour récompenser ses fans d’avoir fait le déplacement. Il nous offre des dialogues marquants, de nombreuses références à ses précédents succès et même quelques moments de bravoure hautement appréciables.

Vijay peut également compter sur son collègue Prakash Raj. Éternelle gueule cassée du cinéma indien, l’acteur livre comme à son habitude une performance jubilatoire en incarnant un énième homme d’affaires diabolique. Les deux acteurs débordent de charisme au point de faire oublier que presque tout le reste du casting est à la traine.

Quand tu portes le film sur tes épaules

Comme pour tout blockbuster indien qui se respecte, on attendait de Varisu des séquences d’action ambitieuses et spectaculaires. C’était d’ailleurs un des éléments majeurs que la promotion du film tentait de mettre en avant. Le résultat est malheureusem*nt bien loin d’être satisfaisant. En retard d’une bonne décennie, le cinéaste recycle des séquences poussives à base de méchants qui volent dans les airs, explosent une vitre, explosent un pare-brise ou explosent une table. Le tout avec un montage épileptique servant à camoufler l’absence totale de chorégraphie dans les combats.

Difficile de savoir comment Vamsi Paidipally peut avoir l’audace de proposer un tel naufrage technique quelques mois seulement après le spectacle total proposé par des films comme Vikram ou RRR. Et même si Vijay s’investit totalement pour tenter de sauver la mise, même lui ne parvient pas à nous faire croire que le film mérite autant d’efforts.

Ça devient difficile à défendre

À DROITE TOUTE

Peut-être trop conscient de n’avoir rien à offrir de plus que des redites, Varisu tente de semer le doute en nous lançantd’innombrables pistes prometteuses. On entrevoit alors la possibilité de s’attaquer au monde impitoyable des affaires, à la corruption ou à la question du caritatif dans une société aux inégalités si marquées. Le dernier tiers aborde même la traite des êtres humains par une pirouette d’écriture risquée à ne pas répéter chez soi.

Tout cela pouvait nourrir plusieurs longs-métrages passionnants, si seulement le film prenait le temps de développer ne serait-ce qu’un seul des sujets effleurés. N’ayant absolument rien à en dire, aucune analyse pertinente à offrir, il réduit tous ces thèmes à l’état d’artifice de narration. En résulte un objet plus vain et hypocrite que les analyses box-office de Dwayne Johnson.

Rare image d’une actrice en premier plan

Le pire étant probablement que le seul sujet de fond traité en profondeur est un naufrage sans nom. En effet, Varisu se permet de grandes leçons de morale sur le fonctionnement d’une famille tout en glorifiant un bon vieux patriarcat à l’ancienne. Ses personnages féminins ne sont que des fonctions parfaitement secondaires. Aucune héroïne en vue, simplement des figurantes qui servent le repas, pardonnent l’infidélité ou attendent passivement d’être séduites.

On en viendrait presque à oublier la pourtant si charismatique Rashmika Mandannaentre deux chansons tant elle disparaît dès qu’il s’agit de reprendre le cours du récit. Ce que Varisu nous dit en somme, c’est que derrière chaque homme qui réussit il y a une femme qui souffre en silence. Un propos qui n’est ni critiqué ni même remis en question mais plutôt érigé en modèle avec l’assurance réactionnaire d’un tonton bourré au réveillon. Au final, s’il a dix ans de retard d’un point de vue technique, c’est bien avec son message que le film parvient à être le plus en retard sur son époque.

Rédacteurs :

Clément Costa

Résumé

Loin du petit divertissem*nt sympathique qu’il nous promettait, Varisu est vieillot, inabouti et moralement très douteux. Vijay méritait mieux et le public aussi.

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Varisu : critique réac sans nerfs (25)

Ashoka

il y a 1 année

C’est un super film. je trouve odieux la critique comme si cela venait d’un journaliste adepte uniqu du style de cinéma d’hollywood. Il y certe des valeurs mis en exergue mais c’est pour ce genre de film que beaucoup appréci le kollywood.

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ThalaFan

il y a 1 année

Moi j’ai adorer, Thalapathy >>> Ajith

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